L’économie pour les 99% de Thomas PORCHER

Conseil de lecture "La Bande dessinée de Thomas PORCHER"

Article mis en ligne le 10 janvier 2025

Thomas PORCHER est docteur en économie de l’université Panthéon-Sorbonne, et également professeur associé à la Paris School of Business.
Il est membre des économistes atterrés.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont le bestseller « Traité d’économie hérétique » publié en 2018 où il nous offre une contre-argumentation pour ne plus accepter comme une fatalité ce que nous propose le discours dominant d’élites néolibérales bien pensantes comme sur le sujet de la dette publique qui est un danger pour les générations futures.
Dans cette BD, l’auteur nous invite à réfléchir au fonctionnement de l’économie dans notre société et aux dérives du libéralisme. Il donne des clés pour se réapproprier un débat trop souvent confisqué.
Enormément de sujets sont abordés d’une façon simple et compréhensible par tous, permettant de déconstruire l’idéologie dominante imposée par nos dirigeants aidés par des think tank et économistes libéraux.

Notre dette publique a fortement augmenté en 2008 suite à la crise. On sait maintenant que l’état a choisi de protéger les banques et les milieux d’affaires plutôt que sa population.
Le plus incroyable, c’est que suite à cela, le lobbying des milieux d’affaires et du grand patronat a poussé pour obtenir des baisses d’impôts pour les entreprises et des lois flexibilisant le marché du travail pénalisant doublement la population du fait de la contraction des recettes publiques entrainant la justification de l’austérité.
Il nous explique ce qu’est le CICE :

Il revient sur les politiques d’austérité et leurs conséquences dans le cas de la Grèce notamment.

L’auteur raconte ensuite une histoire de raffinerie. Depuis les années 70, la France a fermé les 2/3 de ses raffineries. Il montre que derrière cela, il y a eu des choix politiques et des choix industriels. La France a fait le choix du nucléaire ce qui a désavantagé le fioul. Le gouvernement décida alors de baisser les taxes sur le fioul puis sur le diesel produit à partir du fioul afin de satisfaire les lobbys automobiles.
En conséquence, les raffineries sont devenues moins adaptées à la production française car elles servent à produire de l’essence et non du diesel.
Les compagnies pétrolières qui ont fait des profits records tirés par la hausse du prix du pétrole n’ont pas fait le choix d’investir dans leurs raffineries, moins rentables que l’extraction du pétrole.
Ils ont plutôt voulu s’en séparer plutôt que de les adapter aux besoins du marché français ce qui aurait évité ce gâchis industriel et humain.

Ensuite, Thomas Porcher aborde le fait que nos dirigeants ne cessent de vouloir remettre en cause les prestations sociales et les services publics. Il nous explique que contrairement à ce que l’on nous fait croire, le cout de nos services publics est stable depuis 40 ans.
Cette stabilité n’est pas tenable fac à l’augmentation des besoins, comme le cout des soins et de l’hôpital dû au vieillissement de la population, d’un besoin croissant de formation de la jeunesse, d’un besoin de financer la transition écologique.
Ne diminuons pas la dépense publique afin de ne pas se retrouver dans le cas de la Grèce alors que l’on a plutôt besoin de l’augmenter pour assurer les services à la population.

Par ailleurs, le gouvernement utilise toujours la même rengaine culpabilisante : Il n’y a pas d’argent. C’est nos enfants qui devront payer notre dette.
Mais de l’argent, il y en a. Emmanuel Macron a multiplié les cadeaux aux plus riches

  • 1 milliard aux 10% les plus riches,
  • 4 milliard de baisse d’impôts au 1% les plus riches,
  • 17 milliards aux entreprises.

D’autres thèmes sont ensuite abordés, tous très éclairants sur la mauvaise foi des dirigeants pour justifier des choix économiques qui avantage toujours les plus riches.
Le livre se termine par 10 principes d’autodéfense contre la pensée dominante.
En conclusion, je dirais que ce livre est salutaire en cette période où on va nous demander toujours plus d’efforts qui vont aggraver la justice fiscale mais aussi apporter de la récession en prétendant que nous n’avons pas d’autres choix.
Si, nous l’avons, votons pour un programme politique de redistribution de la richesse.

Expliquons à tous, que cette récession n’est pas une fatalité et que ce n’est pas en votant pour un parti d’extrême droite que la situation va s’améliorer.