8 - Le rapport Oxfam* sur les inégalités salariales

Le scandale de l’inégalité salariale dans les grandes entreprises françaises !

Article mis en ligne le 10 mai 2023
dernière modification le 15 septembre 2023

L’association Oxfam* vient de publier un nouveau rapport « Inégalités salariales : aux grandes entreprises, les gros écarts » (https://www.oxfamfrance.org/wp-cont...) sur l’évolution des salaires entre 2011 et 2021 dans les 100 plus grandes entreprises françaises. Il montre les écarts scandaleux d’augmentation des salaires entre les dirigeants et les autres salariés.
Entre 2011 et 2021, les PDG des 100 plus grosses entreprises françaises ont vu leur rémunération augmenter de 66 % en moyenne, alors que le salaire moyen de leurs salarié.e.s a progressé de seulement 21 %. Sur cette même période, le Smic, lui, n’a augmenté que de 14 %.

Dans le partage des richesses au sein des 100 grandes entreprises étudiées, la part allouée aux salaires a baissé de 10 points en 10 ans. Ce sont plus de 62 milliards d’euros qui auraient été alloués aux salarié.e.s en 2021 si elles avaient gardé la même répartition de la valeur ajoutée qu’en 2009 : Soit l’équivalent d’un chèque moyen de 8 914 euros par salarié.e en 2021.

Certains écarts sont vertigineux puisqu’en 2021, le PDG de Téléperformance (Leader mondial des centres d’appels) gagnait 1484 fois plus que le salarié moyen dans son entreprise. En deuxième position du classement, se trouve Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat...) avec un écart de rémunération entre le salaire moyen et celui de son PDG, Carlos Tavares, de 1139. C’est le PDG le mieux rémunéré au sein du TOP 100 avec 66 millions d’euros soit l’équivalent de plus de 3 420 SMIC. Autrement dit, M. Tavares gagne en 3h22 l’équivalent du salaire annuel moyen dans son entreprise.

L’écart entre le SMIC et la rémunération moyenne des PDG du CAC 40 était environ de 1 à 40 en France en 1979. Aujourd’hui on est à un écart de 1 à 423.

Une possible explication de la différence entre 2019 et 2021 est la forte augmentation des bénéfices, du fait des superprofits. Ces profits « tombés du ciel » ont été permis par la forte reprise des activités au sortir de la crise de la COVID-19 et par les importants soutiens financiers publics consentis pour aider les entreprises, qui en pratique ont largement été captés par les marchés financiers.

Depuis 2020, les 1 % les plus riches ont capté près des deux tiers de toutes les nouvelles richesses dans le monde. En France, les 42 milliardaires ont augmenté leur fortune de 58 % en deux ans.

Oxfam France propose une série de recommandations destinées à réduire ces inégalités salariales qui sont proches des préconisations d’ATTAC, en voici quelques unes :
 Renforcer la représentation des salarié.e.s au sein des Conseils d’Administration. Attac remet en cause les rapports de pouvoir au sein des entreprises.
 Supprimer le système de la « flat tax »** sur les dividendes. Réaligner la fiscalité du capital sur la fiscalité du travail en rétablissant la progressivité de l’impôt sur les revenus du capital.
 une stratégie climat articulée autour d’une trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre (scopes 1-2-3) dès l’année 2024, respectant une trajectoire globale de réduction des émissions de GES de 50% d’ici 2030.

Attac, par ses propositions, engage à lutter contre ces évolutions scandaleuses des inégalités salariales et cela se traduit par diverses campagnes dont une des plus récentes – Désarmons les criminels climatiques - est consultable ICI
Un nouveau livre de ATTAC "Super profiteurs Le petit livre noir du CAC40" sortira le 24 mai aux éditions Les liens qui libèrent (12€).

*Depuis 1988, Oxfam France, association de loi 1901, a un objectif : lutter contre la pauvreté et combattre les inégalités qui l’alimentent.
** : mise en place par Emmanuel Macron en 2018 la "flat tax" permet de limiter à 30% l’imposition sur les revenus du capital.